TTIP : opacité mode d’emploi
Publié le 25 novembre 2014 par Christian Harbulot
Les sous-entendus des négociations du Traité transatlantique
Les deux premières puissances économiques mondiales, les États-Unis et l’Union européenne, ont amorcé un cycle de négociations en 2013. L’objectif de ces négociations est de faire naître une grande zone de libre échange transatlantique qui devra soutenir la croissance économique de part et d’autre de l’Océan atlantique. Les accords « TTIP » ont pour but de lever les barrières non tarifaires, faire diminuer les droits de douanes pour développer les échanges commerciaux, harmoniser les normes et les règles pour encourager les investissements croisés et l’ouverture aux marchés publics afin d’assurer la liberté de circulation des biens, services et capitaux, notamment au niveau des PME.
L’opacité qui entoure les négociations sur le Traité Transatlantique n’a pas été levée en dépit des efforts de communication annoncés cet automne par l’Union Européenne. Une étude réalisée par la formation MSIE 21 de l’Ecole de Guerre Economique indique que les Etats-Unis ont su très habilement se positionner dans le camp des négociateurs européens dans la rédaction du rapport réalisé par le Centre for Economic Policy Research. Il a été choisi par la Commission pour légitimer la démarche du Traité Transatlantique.
On peut aussi s’interroger sur la composition de l’équipe des négociateurs européens dont près de la moitié des membres a travaillé dans le passé pour des intérêts nord-américains
Ses auteurs ont occupé dans le passé des fonctions en lien direct avec les intérêts économiques américains comme le démontre le parcours de Richard Baldwin. Directeur du CEPR depuis janvier 2014, cet expert était directeur des études sur les politiques publiques (Policy Director) au moment où l’étude a été réalisée. Professeur d’économie, il fut notamment conseiller du Président Bush sur les questions économiques (Senior Staff Economist for the President’s Council of Economic Advisors in the Bush Administration). A ce titre il a participé aux négociations de plusieurs accords de coopération économique : Uruguay Round, NAFTA, US-Japan Structural Impediments Initiative, et US-Japan Semiconductor Agreement. Rappelons pour mémoire que, lors de la négociation relative au traité NAFTA, des arguments basés sur des modèles économiques promettaient de la croissance et des créations d’emplois aux États-Unis ainsi qu’au Mexique. Ces prévisions ne se sont pas concrétisées. Selon l’étude « Heading South U.S.-Mexico trade andjob displacement after NAFTA » réalisée par l’Economic Policy Institute, les Etats-Unis et le Mexique ont perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois au cours de la période 1993-1999. En outre, les inégalités de revenus ont augmenté et l’impact sur les salaires a été négatif.
Mais on peut aussi s’interroger sur la composition de l’équipe des négociateurs européens dont près de la moitié des membres a travaillé dans le passé pour des intérêts nord-américains. Certains d’entre eux ont participé à des instances internationales fortement orientées pour la défense d’un modèle de libre-échange ultralibéral tandis que d’autres ont réalisé leurs études aux États-Unis (Université de Berkeley, Harvad Business School…).