Jacques Tardi déserte la Légion d’Honneur
Publié le 4 janvier 2013 par Les Influences
Le dessinateur a fait sa guerre des tranchées contre une remise de décoration de début d’année
Culture. Le refus poli mais ferme a été la petite sensation de ce début d’année. « J’ai appris avec stupéfaction par les médias, au soir du 1er janvier 2013, que l’on venait de m’attribuer d’autorité et sans m’en avoir informé au préalable, la Légion d’Honneur! » s’est étouffé le dessinateur Jacques Tardi dans un communiqué. Non pas que le créateur d’Adèle Blanc-Sec et merveilleux scénographe de Paris estime avoir démérité, mais par principe : « Etant farouchement attaché à ma liberté de pensée et de création, je ne veux rien recevoir, ni du pouvoir actuel, ni d’aucun autre pouvoir politique quel qu’il soit. C’est donc avec la plus grande fermeté que je refuse cette médaille. »
La seule décision officielle qui pourrait le faire éventuellement douter serait la reconnaissance des prisonniers de guerre et des fusillés pour l’exemple. Ce jour là, » ce sera peut-être autre chose« , reconnaît le chroniqueur magistral de 14-18 et qui vient aussi de publier la biographie à succès de son père, René, prisonnier des stalags de la seconde guerre mondiale.
A noter que le refus de cette distinction par Jacques Tardi coïncide avec le 10ème anniversaire de la disparition de l’avant-dernier Poilu : le 2 janvier 2003 mourrait le général Maurice Bourgeois à l’âge de 106 ans.
Le refus de la Légion d’Honneur est une posture assez courante dans le monde intellectuel et artistique. Récemment, en 2010, l’organiste Jean Guillou, 80 ans, avait clamé haut et fort qu’il refuserait d’emblée cette distinction, tandis que le philosophe Jacques Bouveresse avait décliné par écrit la proposition de Valérie Pécresse, à l’époque ministre de l’Enseignement supérieur.
(Portrait : Olivier Roller)