Serge Tisseron
Publié le 24 juin 2009 par Les Influences
Le psychanalyste spécialiste de la BD réfléchit avec le philosophe Daniel Bougnoux, le cinéaste Rithy Pan et le dessinateur de bandes dessinées Séra sur quelles images transmettre du Cambodge des Khmers rouges.
Ce mercredi 24 juin à 19h30, le centre parisien INA-Pierre Sabbagh (institut national de l’Audiovisuel) consacre un « collège iconique » avec le philosophe Daniel Bougnoux, compagnon de route de Régis Debray pour ce qui concerne « la médiologie », et auteur récemment de La Crise de la représentation (La Découverte). Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, qui travaille sur la bande dessinée et la photographie, anime cette séance intitulée « Cambodge années Khmers rouges : quelles images transmettre ? »
Cette réflexion publique a pour arrière-fond, le procès à Phnom-Penh de cinq responsables khmers du génocide cambodgien. Un quart de la population a disparu entre le 17 avril 1975 et le 7 janvier 1979. Sans images. Sans traces visibles.
Le philosophe et le psychanalyste se demanderont « comment faire aujourd’hui oeuvre de mémoire. Comment transmettre sans esthétiser l’horreur lorsque le tort est trop grand ? » Soko Phay-Vakalis, maître de conférences au département d’Arts plastiques de Paris VIII, analysera ce « Que peut l’art face à la tragédie de l’histoire »
Ainsi les images des cinéastes Vann Nath et Rithy Pan ou celles du bédéaste Séra (par ailleurs enseignant à Paris I) peuvent-elles devenir « archives-oeuvres » et témoigner des violences extrêmes ? » Ou bien au contraire, précipite t-elle la mémoire dans un peu plus de confusion romanesque ?
A ces questions sur le fil, ces deux témoins de l’image apportent leurs réponses et leurs expériences d’artistes.
Ce moment de réflexion est également l’occasion de découvrir les travaux de jeunes plasticiens cambodgiens, issus des ateliers de création du Centre Bophana (du nom d’une jeune victime du sinistre camp S21), qui veut reconstituer la mémoire du Cambodge et que dirige le cinéaste Rithy Pan. Ici, indiquent les animateurs du collège, les images font « œuvre de sépulture » et « offre au sujet un accès symbolique à son histoire, en lui permettant d’élaborer un temps subjectif du deuil. Créer et témoigner se rejoignent, l’image traduit une survivance, une histoire après-coup. »