William T. Vollmann, le journaliste Geiger de Fukushima
Publié le 3 mars 2012 par Rédaction LI
Publication internationale de son reportage sur la catastrophe japonaise
Désormais, une publication de l’écrivain-reporter américain William T. Vollmann constitue un événement qui prend une valeur planétaire. Son reportage, Fukushima dans la zone interdite a connu le 1er mars, une sortie simultanée en France (Tristam Edition), en Allemagne (Suhrkamp) et en Italie (Mondadori).
Tremblement de terre, tsunami, fuites radioactives. Un an après la triple catastrophe japonaise, ce reportage de 80 pages fait le récit des jours d’après, avec la technologie d’investigation habituelle de Vollmann : poser des questions simples, voire rustiques, à tout le monde, experts, habitants et réfugiés de la zone interdite pour faire ressortir toute la complexité humaine, philosophique, sociale et politique d’une situation. Comme il l’a fait avec maestria et un appétit d’ogre littéraire sur la question des violences (Le Livre des violences), de la drogue (Le Roi de l’opium) ou encore des précarités (Pourquoi êtes-vous pauvres ?), Vollmann, plus sûrement que son dosimètre de fortune, est le véritable témoin Geiger de Fukushima.
« Les déchets nucléaires dangereusement radioactifs doivent être stockés et surveillés pendant des périodes excédant de manière délirante tout cadre de référence de civilisation »
Monotonie des paysages aplatis, affreux champs de boue, laideur des décombres, carcasses fantomatiques. Population résolue, mutique ou fataliste. Mensonges d’Etat, non-dits de tout le monde. C’est aussi un reportage philosophique sur les question de la mémoire et du progrès d’une société. Le reportage s’achève dans le ground zero japonais, Hiroshima. Alors que le souvenir de la lumière nucléaire de Nagasaki et Hiroshima ne semble pas vraiment affecter la population de la région contaminée, les cerisiers et pruniers de Fukushima fleurissent malgré tout durant ce printemps radioactif. Une certitude de l’auteur : « La réponse pour laquelle je m’oppose définitivement à l’énergie nucléaire est si évidente pour moi que je demeure stupéfait que la planète entière n’y soit pas pareillement opposée : les déchets nucléaires dangereusement radioactifs doivent être stockés et surveillés pendant des périodes excédant de manière délirante tout cadre de référence de civilisation.«