Les intellos des armes à feu
Publié le 4 février 2013 par Les Influences
Les pro-armes menés par le réalisateur David Mamet et Newsweek s’inspirent des arguments anarcho-capitalistes de l’économiste Pierre Lemieux
Mentalités. « C’est dans les villes où le contrôle des armes à feu est le plus strict que la violence s’aggrave. A Chicago et à Washington, par exemple, les criminels ont le monopole des armes, le reste de la population est sans défense et la criminalité a explosé. » Ces propos ont été tenus à Newsweek par le réalisateur américain, David Mamet, chaud partisan des armes à feu.
Le site de Courrier International a consacré un article à la guéguerre menée entre l’hebdomadaire pro-armes et sa cover éloquente » Pas touche à nos flingues » et Time magazine qualifiée pour la circonstance de soutien au « candidat marxiste Obama« . Le journal lui préfère exalter ceux qui luttent contre les armes à feu. Elle a dédié sa une à des militants affichés tels que le maire de New York, Michael Bloomberg, le vice-président Joe Biden et l’ancienne députée démocrate de l’Arizona, Gabby Giffords, rescapée d’une fusillade à Tucson en janvier 2011 au cours de l’un de ses meetings de campagne.A noter que ce mois de janvier, elle a lancé l’organisation Americans for Responsible Solutions, un contre-lobby à l’armurerie libérale.
» La criminalité violente aux États-Unis était faible quand les armes étaient plus accessibles il y a un demi-siècle » (Pierre Lemieux in Le Droit de porter des armes).
Les pro-armes comme Mamet qui sont déterminés à ce que rien ne bouge, et surtout pas le second amendement, puisent leurs arguments dans la culture profonde et les théories anarcho-capitalistes d’un économiste comme Pierre Lemieux. Pierre Lemieux ? Ce canadien est l’un des plus brillants théoriciens mondiaux de « l’anarcho-capitalisme ». Son « Que sais-je ? » sur cette école de pensée, publié dans la France des années 1980, constitua un petit best-seller (qu’il propose désormais en téléchargement libre). Mais son opuscule, aujourd’hui compliqué à trouver, même en ligne, est Le droit de porter des armes (1993). Il déclencha son petit effet de scandale en Europe. Mais plus encore au Canada.
Le théoricien du port d’armes libre se reconnaît dans le mythe de l’honnête « coureur des bois » relevant de la tradition des ancêtres libres tireurs. Il n’a de cesse de refuser un permis, estime l’administration beaucoup trop intrusive, résiste à l’Etat et ses débordements jugés anti-constitutionnels, refusant durant des années de restituer son arsenal.
« L’idée reçue par excellence veut que la simple disponibilité des armes – et, a fortiori, la reconnaissance du droit de porter des armes – soit un facteur causal, une condition nécessaire, de la criminalité violente. Or, cette corrélation entre crime et disponibilité des armes est bien difficile à trouver » martèle t-il depuis les années 1990. Bref, à écouter l’économiste, « la criminalité violente aux États-Unis était faible quand les armes étaient plus accessibles il y a un demi-siècle. » Les Colombine et les mass-murders des campus et écoles sont à mettre sur le compte d’un affaissement généralisé de la morale. Tout est de la même eau libertarienne avec Pierre Lemieux, et désormais avec le renfort sur-armé du réalisateur d’Homicide et des militants de la NRA.