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Les Influences

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#Fondation Terra Nova #Olivier Ferrand #Parti socialiste #Primaires #Think-tank

Laurent Bouvet, conseiller scientifique de Terra Nova, critique « la faute morale et politique » d’Olivier Ferrand

Publié le 15 septembre 2009 par

Sur son blog, un conseiller scientifique du think tank progressiste Terra Nova critique sévèrement son président très impliqué dans la commission Juppé-Rocard sur le grand emprunt.

La moutarde lui est montée au nez en deux temps. En juin, il taclait déja le principe des primaires au PS, promesse de mélasse conceptuelle et fonctionnelle dans un texte intitulé Le PS à l’état « primaires ». En substance, Laurent Bouvet écrivait sur son blog:

 » Cette appétence pour une pratique qui soulève au moins autant de questions qu’elle est censée en résoudre, traduit chez eux l’idée que dès lors que l’on aurait solutionné «  à froid  » le problème de la désignation du candidat à la présidentielle, les errements du Parti socialiste prendraient fin. Les Américains appellent ce genre d’illusion le wishful thinking – en français, prendre ses désirs pour des réalités. » La personne visée était Olivier Ferrand, le président de l’association pour la Fondation Terra Nova, think tank « progressiste », en première ligne dans la théorisation des primaires au PS, et dont Laurent Bouvet est l’un des nombreux conseillers scientifiques. Ambiance.

Les camarades de promotion

Qui est Laurent Bouvet ? Pas un perdreau socialiste de l’année. Ex-rédacteur en chef de la Revue socialiste (1998-2001), puis secrétaire général du think tank, la République des idées, aujourd’hui professeur de science politique à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, il co-signa avec Laurent Baumel, autre jeune Turc du PS, proche de DSK, un livre lucide sur l’état apocalyptique du PS en 2002, « L’Année zéro de la gauche » (Editions Michalon).

Depuis, il s’est rangé du PS, mais pas de sa vie intellectuelle, produisant un certain nombre d’ouvrages sur la démocratie, les rapports France-Allemagne ou encore, le communautarisme.
Par ailleurs, il assure la coordination des pôles science politique et université/recherche de nonfiction.fr.

Après les primaires impraticables ou les alliances mal conçues, le politologue a carrément explosé lorsqu’il a appris qu’Olivier Ferrand rejoignait le casting de la commission sur le grand emprunt, co-présidée par Alain Juppé et Michel Rocard. Tandis qu’Olivier Ferrand, co-auteur avec Arnaud Montebourg du rapport sur les primaires, s’exprimant sur sur France Inter, lundi 31 août, promettait avec l’installation de ces primaires une vraie « jubilation » populaire, Laurent Bouvet lui rappelait le même jour dans un un texte « Le (petit) emprunt de la Commission Juppé-Rocard à la gauche », ses errances éthiques.

« La première question qui vient immédiatement à l’esprit est : pourquoi ? Pourquoi cautionner cette énième entreprise de manipulation sarkozyste ? » se demande t-il.

Il balaie d’un revers de main « l’argument des technocrates qui ont tendance à se prendre pour des serviteurs de l’intérêt général dès qu’ils s’assoient à côté d’un camarade de promotion qui n’est pas de leur bord politique. »

L’ambulance rocardienne

Et de se poser une deuxième question : » pourquoi ceux-là ? Pourquoi ces socialistes-là en particulier se compromettent-ils ainsi ? »

L’analyse est féroce. « A tout seigneur tout honneur. On se gardera de tirer sur l’ambulance rocardienne qui franchit depuis un moment déjà allégrement la ligne jaune pour rouler à contresens, du côté sarkozyste de la route, sans que cela ne paraisse poser de problème à quiconque. Un peu comme si les prolongations qu’il prend visiblement plaisir à jouer dans le camp adverse n’étaient finalement que la récompense d’une longue carrière politique, au nom des innombrables services rendus à la gauche au cours de celle-ci. »
Laurent Bouvet passe en revue les prises sarkozystes. Passe encore quelques fantômes décrépis du mitterrandisme et de la gauche réformiste des années 1980-90.

« Il ne s’agit pas plus de s’étonner de la troisième participation à une telle entreprise d’Erik Orsenna, qui en est devenu une sorte de spécialiste. La liberté dont il semble jouir – et le mot est faible ! – est visiblement aussi artistique que le flou de ce qu’il peut apporter à ce genre de commission.

Le cas de Nicole Notat est plus compliqué. Comme elle est encore identifiée à la CFDT, qui n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment, on comprend bien pourquoi elle a été requise. Le président de la République manipule aussi bien les syndicats que les partis, soit. Mais même si chacun se souvient de son soutien, en 1995, comme responsable de la CFDT, à Alain Juppé, on ne comprend pas bien l’intérêt qu’elle y trouve. Comprenne qui pourra. »

Ces élites interchangeables

Mais ce sont les intellectuels venus du jospinisme qui à ses yeux sont les plus blâmables, et parmi eux le président de Terra Nova.

« Ceux qui sont finalement les plus à blâmer dans cette affaire, ce sont encore ces socialistes ou proches du PS, anciens membres de cabinets ministériels de gauche (particulièrement celui de Lionel Jospin à Matignon) : Olivier Ferrand (qui est rapporteur général adjoint de la commission !), Bettina Laville ou encore Laurence Tubiana. Que leur présence soit (auto)justifiée par leur sympathie pour Michel Rocard ou par leur indispensable compétence technique – on peut s’étonner, pour la forme, que la droite n’ait pas en réserve les mêmes technocrates et experts sur les sujets concernés tant cette «  élite  » paraît interchangeable d’une commission à l’autre… – n’enlève rien à la double faute politique et morale de leur présence dans cette commission », tonne encore Laurent Bouvet.

Pour le politologue, cela constitue une faute politique, mais également une mise en hypothèque morale, et reflet actuel du désarroi politique de la rue de Solférino :
« Une telle attitude est plus gênante encore en ce qu’elle révèle l’état de dévastation morale du Parti socialiste et de ses cadres. C’est là une des raisons profondes, nous semble-t-il, de la désaffection prolongée dont souffre le PS au niveau national. »

En signe de désespoir, et à la recherche de dignité, Laurent Bouvet invoque l’auteur de 1984.

« On laissera le mot de la fin à George Orwell qui rend bien compte du désastre induit par des faits pourtant aussi dérisoires: «  si le mouvement (il parlait du socialisme…) attirait en masse des hommes dotés de meilleurs cerveaux et d’un sens plus élaboré de la décence ordinaire, les personnages douteux (…) cesseraient d’y tenir le haut du pavé.  » (Le Quai de Wigan, tr.fr., Paris, 10/18, p. 247). »

Inutile de préciser que rien n’est dit de tout celà sur le site de Terra Nova.

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