La Belle Equipe doit mal finir
Publié le 19 juillet 2011 par Les Influences
C’est acté par la justice après un procès contre les éditions René Château : le film officiel de Julien Duvivier ne peut pas se terminer par sa version optimiste.
Une annonce judiciaire publiée dans l’édition du Monde du mercredi 20 juillet, vient rappeler une affaire statuée le 23 février 2011 par la Cour d’appel de Paris, et qui opposait les héritiers des auteurs du film La Belle équipe aux éditions vidéo René Château.
Christian Duvivier, fils du réalisateur Julien Duvivier, et Janine Spaak, veuve du scénariste Charles Spaak, ainsi que ses filles, déniaient depuis des années la propriété du film, produit en 1936 par la société Ciné Arys Production, à leurs nouveaux acquéreurs, les Editions René Château.
DVD détruits et copies confisquées
Le petit chef d’oeuvre plein de noirceur a surtout été un enjeu de mémoire et de respect de l’oeuvre. La Belle Equipe, réalisé en 1936, avec Jean Gabin et Charles Vanel, est désormais au patrimoine cinématographique du Front Populaire. Il fait le récit de cinq ouvriers chômeurs parisiens, qui sortent de la mouise en remportant le gros lot de la loterie nationale. C’est alors que le fraternel quintette envisage l’achat d’un ancien lavoir afin de le transformer en guinguette autogestionnaire. Mais avec Duvivier, la morale de l’histoire finit en poisse noire et les rêves s’anéantissent.
Or le producteur de l’époque, Arys Nissoti, constatant l’échec commercial de La Belle Equipe imposa à Duvivier, une fin plus optimiste que celle initialement prévue par le cinéaste éternel pessimiste. Cette version joyeuse et fraternelle, censée mieux se conformer au goût du public, a été exploitée jusqu’en 1966. A cette date, Duvivier et son scénariste autorisent l’exploitation du film à la condition expresse que l’on revienne à la version initiale, celle où Gabin et Vanel s’écharpent dans leur guinguette utopique.
Les DVD comportant la fin réprouvée doivent être retirés de la vente et seront détruits, tandis que les bobines (copies et négatifs) sont vouées à être confisquées pour être remises aux Archives du film du Centre National de la Cinématographie. Les Editions René Château se verront condamnées à chaque infraction constatée à 15 000 euros : de quoi faire mousser sur le marché parallèle, le petit commerce de La Belle Equipe dans sa version incriminée devenue collector.