Ce que mijote le Sénat de gauche
Publié le 1 octobre 2011 par Rédaction LI
Premier Président socialiste du Sénat depuis le 1er octobre 2011, Jean-Pierre Bel a rédigé en juin, un livret qui explique ses scénarios pour rénover le Palais du Luxembourg.
Alors que s’éclipsent les figures légendaires de Pierre Mauroy, Robert Badinter, Jack Ralite et Dominique Voynet, le nouveau Président a des idées précises sur le rôle du Sénat à venir, et accessoirement sur la gauche sénatoriale dans la présidentielle et l’après-2012. Il l’a même écrit dans un petit livre téléchargeable et gratuit, publié dans la torpeur estivale par la Fondation Jean-Jaurès : Le Sénat à l’heure du changement. Avec l’accumulation des victoires aux diverses élections locales depuis 2004, Le Bel se demandait : « Se pourrait-il que rien ne change, que l’alternance démocratique soit à jamais bannie du Palais du Luxcembourg ? »
En juin, Jean-Pierre Bel envisageait des Etats-généraux « dès l’hiver 2011-2012 » pour une nouvelle décentralisation
L’ancien militant trotskyste a depuis longtemps quitté Rosa pour conquérir Luxembourg, et c’est un partisan du bicamérisme qui s’annonce, souhaitant en finir avec « l’anomalie démocratique » du Sénat, comme le décrivit Lionel Jospin, dont il fut un proche. Dans son texte de juin, Jean-Pierre Bel fustigeait toutes les auto-réformes sans excès comme la durée du mandat passé de 9 à 6 ans ou encore l’augmentation sans nécessité des sénateurs.
Mais si le Sénat devait basculer à gauche, faisait remarquer l’auteur au début de l’été dernier, c’est que l’étincelle a été allumée par le sarkozysme ambiant, et de dénoncer « le spectacle affligeant » d’un Sénat hors du jeu pour ce qui concerne les réformes des territoires et des finances locales, menées depuis 2007. La suppression de la taxe professionnelle, les préfets intrusifs, le gel des dotations de l’Etat et des services publics rognés, tout cet ensemble a créé le malaise des territoires, et rendu l’alternance possible.
Tellement possible que Jean-Pierre Bel a une idée assez précise du mouvement qu’il veut imprimer à la Haute Assemblée. Dans son livret, il indique ainsi envisager « dès l’hiver 2011-2012, des Etats-Généraux » pour une nouvelle décentralisation, histoire d’établir « un bilan des politiques publiques menées depuis dix ans« , bref, « faire un audit du pays » qui devrait aussi constituer une belle arme d’arguments lors de la présidentielle. Pour son nouveau président et théoricien, « le Sénat doit se replacer au centre de la nouvelle gouvernance des territoires qu’il s’agira de construire en 2012. » Bel souhaite également transformer ce parlement en « assemblée du long terme« , transpartisan et capable de trancher sur des décisions lourdes. La revanche des locaux et des vieux sages. Pas d’idées franchement nouvelles, mais un élan qui peut faire du neuf avec du vieux.