Présidentielle 2012 : les vieux snobent le FN
Publié le 16 janvier 2012 par Christophe Guilluy
Les plus de 65 ans, dernier rempart au populisme ?
14 points de moins d’intentions de vote pour le FN que les jeunes de 18-24 ans
Dans la dernière livraison de l’IFOP (parue en décembre 2011), il apparaît que c’est dans la tranche d’âge des plus de 65 ans que Marine Le Pen réalise ses plus mauvais résultats. Seulement 14 % de cette tranche d’âge mais aussi des retraités choisiraient Marine Le Pen en 2012, soit 14 points de moins que les jeunes de 18-24 ans ! Dans un contexte de vieillissement accéléré de la population ces résultats pourraient être déterminants pour la présidentielle de 2012.
À ce titre, il faut rappeler qu’en 2011, la population des plus de 65 ans frôle désormais les 11 millions de personnes, soit presque deux fois plus que la population des 18-24 ans. Un poids d’autant plus considérable que, contrairement aux jeunes, les personnes âgées s’abstiennent peu. Leur poids électoral dépasse ainsi leur poids démographique.
En 2007, c’est Nicolas Sarkozy qui a bénéficié du vote des seniors puisqu’on estime que 67 % d’entre eux lui ont accordé leur suffrage au second tour. Cette propension des plus de 65 ans à voter à droite n’est pas une nouveauté mais le plus frappant est leur adhésion aux grands partis de gouvernement, de droite comme de gauche. Le récent sondage de l’IFOP révèle ainsi que si les retraités choisissent une nouvelle fois le candidat Nicolas Sarkozy (34 %), ils ne disqualifient pas non plus François Hollande qui obtient 28 % des intentions de vote. Notons aussi que François Bayrou mais aussi Jean-Luc Mélenchon obtiennent des scores plus élevés que leur moyenne dans cette tranche d’âge. Au regard des intentions, le vote des seniors, majoritairement droitier, ne néglige donc pas la gauche et même « la gauche de la gauche ».
Le fait saillant reste donc la faiblesse des intentions de vote pour Marine Le Pen. Ces résultats sont d’autant plus remarquables que l’origine sociale des plus de 65 ans et des retraités se confond majoritairement avec celle des classes populaires. Majoritairement, ces électeurs sont d’anciens ouvriers et d’anciens employés ; des catégories qui, pour l’heure, semblent se diriger vers un vote frontiste aux prochaines élections. À cet égard, les plus de 65 ans, apparaissent véritablement comme un rempart à la vague frontiste, et peut-être la clé de la qualification ou non de Marine Le Pen pour le second tour.
Où il apparaît que la dynamique de vieillissement européenne n’est peut-être pas le moteur des « mouvements populistes » européens mais au contraire un frein à leur expansion.