Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Bob Marley, la ganjah et le rasoir

Publié le 2 septembre 2012 par

« Babylon on a thin wire » d’Adrian Boot et Michael Thomas, une petite histoire déjantée de la Jamaïque des années 1970.

retour_70-2.gif Géopolitique. Adrian Boot, photographe, et Michael Thomas, reporter à Rolling Stones et futur co-scénariste de Countryman, publièrent en 1976 leur récit chez Thames&Hudson à Londres. Un texte, assorti de photos des ghettos de la Jamaïque de ces années Marley-Manley, s’ouvrait sur cette invocation signée Johny Walker :

« Babylon is on wire

Babylon is on wire

An’ it’s a delicate wire.
 »

Babylone est sur le fil du rasoir, et JAH ne peut pas grand chose. A l’époque, la Jamaïque est une île mise de côté, que l’oeil du monde n’inspecte même pas de son dédain. Tout juste si on commence à percevoir quelques riffs de ska impossible, ou ce calypso de Kingston beaucoup moins insolent que celui de Trinidad-et-Tobago. Depuis 1972, le duo Boot et Thomas s’est amouraché de ce confetti tropical du Commonwealth. Ils observent la saga du décollage en trompe l’oeil, de la fascinante pauvreté en carton, de la montée en puissance du rastafarisme, de Bob Marley mais aussi de Michael Manley, le leader politique devenu premier ministre aux ambitions socialistes et qui se débat avec ses ambitions et les multinationales du bauxite. Au zénith, ils s’éteindront tous les deux, le reaggeman d’un cancer, le politicien d’une défaite sans appel.

C’est toute une île entière et des vies qui vivent sous l’administration de « la pression« , comme l’analyse Michael Thomas . Celle de la pauvreté, des coups, des trafics, des combinaisons, Sur cette île indépendante depuis 1962, les auteurs visitent le ghetto de Trench Town, la violence urbaine et l’incroyable arsenal policier et juridique pour la mater, les rudie boys, les kung-fu kid et les rastas au rêve stérile (petit morceau de bravoure du texte). Comment s’en sortir ? « Soon-come« , c’est une expression jamaïcaine ambiguë qui veut dire « bientôt » mais plus certainement encore « peut être« .

Thomas restitue à merveille cet épisode de chaleur optimiste malgré tout et qui voit un pays le cul dans sa crasse essayer de s’en sortir. Mais la « révolution en sahariennes » de Manley part en vrille. Ce qui fait écrire à Thomas pour l’année 1976 : « Ce qui tue Manley -et pourrait précipiter sa perte-, c’est qu’il a été infoutu de tenir ses promesses en matière de création d’emplois, de décolonisation et de socialisation de l’économie. Ses meilleures initiatives se sont retournées contre lui. Son rêve de prendre la tête d’une puissante coalition des pays de la Caraïbe a du plomb dans l’aile. Assis sur un des PNB les plus confortables, Trinité-et-Tobago et La Barbade achètent anglais, tandis que le Guyana est parti si loin dans une hyperbole marxiste doctrinaire que ses habitants se donnent du « camarade » à tout bout de champ. Manley se tient au bord du gouffre, la tête entre les mains. » Celui qui tint tête au FMI en lui affirmant que « la Jamaïque n’est pas à vendre » rebondira malgré tout en 1978, moins pour ses espoirs revivifiés que parce que le parti adverse aurait tenté de le faire assassiner.

Babylon on a thin wire sera publié de nouveau en 1982, sous le titre Jah revenge-Babylon revisited. Le «  socialisme démocratique » de Michael a alors sombré corps et âme, en même temps qu’est mort Bob Marley. A l’auteur qui interrogeait la star, son altesse du 56 Rope Hoad, sur la contradiction lui le rasta originaire des bidonvilles de s’être offert une BMW, Bob lui rétorqua : « La BMW c’est une caisse pour moi- BMW signifie Bob Marley and the Wailers. » Depuis toutes ces années, le 56 est devenu un musée qui sent la ganjah au fraîchin. Dans la préface de l’édition française, conçue par Alia, Michael Thomas le rappelle : malgré les performances d’un Usain Bolt, la Jamaïque de 2012 tient toujours à un fil.

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