K., la nouvelle revue des juifs européens
Publié le 23 mars 2021 par Les Influences

Dans son premier éditorial, le rédacteur en chef Stéphane Bou annonce la couleur de l’ambition : « Avec K. s’ouvre – telle est notre ambition – un espace public d’exposition et de débats qui prend la condition des juifs d’Europe à bras le corps. Qu’ils ne forment qu’un reste, numériquement réduit, n’y change rien. Le “reste” n’est-il pas la manière dont la tradition juive a toujours pensé le peuple juif ? Aussi, des journalistes, des universitaires, des écrivains, issus des quatre coins de l’Europe, s’associent-ils pour fonder une revue qui explorera, documentera, analysera la situation actuelle du fait juif en Europe. »
Revue numérique pure player, K., hommage au héros kafkaïen, veut traduire cet équilibre à la façon du Funambule d’un autre K, Paul Klee, qui illustre l’éditorial : embrasser tout à la fois la hantise de la perte de l’Europe, l’insécurité des juifs européens dans un début de XXIe siècle qui ressemble à ces dystopies auxquelles on ne veut pas croire, mais aussi toute la vitalité que sécrète la présence malgré tout de ces populations européennes et qui « ont contribué à faire vibrer » le Vieux continent.
À raison de trois articles par semaine, la revue pensera ces deux destins communs. Dans la première salve, le traducteur français de Kafka, Jean-Pierre Lefevbre, explique de quoi le K est l’initiale ; et la journaliste d’enquête Barbara Necek fait le récit passionnant d’une fake news concernant Eugène Lazowski, supposé sauveur de Polonais pendant la seconde guerre mondiale. On note le grand entretien avec le chercheur démographe Sergio Della Pergola. Avec son gros million et demi de juifs européens, soit 9 % des juifs dans le monde, le pourcentage démographique est revenu à celui qui « prévalait au Moyen âge », décrit le chercheur.
Une petite équipe assure l’animation de la revue. Aux côtés de l’ancien responsable des pages idées de Marianne, on compte le sociologue Dany Trom, le philosophe Bruno Karsenti (EHESS), l’historien Jacques Ehrenfreund et Macha Fogel, journaliste et romancière. K. connaît également une version en anglais. « Nous aurons des publications papier, nous indique Stéphane Bou. Un semestriel thématique est prévu avec les éditions de L’Antilope. »