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L’armée russe utilise le viol « comme arme de guerre »

Publié le 13 avril 2022 par

L’idée : Le psychiatre-anthropologue et blogueur Philippe Brenot souligne le désastre provoqué par les viols de guerre, semble-t-il méthodiques, durant cette guerre en Ukraine.


Consacrant un long article au « viol comme arme de guerre », l’anthropologue et psychiatre Phillipe Brenot met en exergue les viols sur les populations ukrainiennes exercées par l’armée russe. Selon le président Volodymyr Zelensky, ceux-ci, à côté des nombreuses tortures et exécutions, ont été massifs dans les banlieues de Kiev, à Boutcha, Irpin et Hostomel : « Des centaines de cas de viols y auraient été constatés dans les zones précédemment occupées par l’armée russe, y compris de jeunes filles mineures et de tout petits enfants » « Fake », répond-on au Kremlin.

Le psychiatre et blogueur de Liberté, Égalité, Sexualité a visionné et écouté de nombreux témoignages de viols de guerre. Témoignages abondants et documentés car « nous sommes dans un conflit très particulier, au sein de l’Europe, couvert par un nombre considérable de journalistes d’investigation, permettant le recueil des récit de ces exactions presque en temps réel ». Que recherche l’armée russe ? sidération, menace et surtout contrainte, énonce Philippe Brenot. Et de marquer une spécificité russe : « Ces récits mentionnent notamment une circonstance particulière : la présence de plusieurs acteurs, en moyenne deux ou trois. Une psychologue ukrainienne, Kateryna Haliant, qui reçoit des femmes et des jeunes filles témoignant avoir été violées par des militaires russes, exprime son grand étonnement sur la similitude des vécus : « Comme si les Russes avaient planifié tout cela… le matin ou l’après-midi, les soldats vérifiaient qui vivait dans les maisons. Puis ils revenaient le soir, tuaient les éventuels hommes du foyer, pillaient argent et bijoux, mangeaient, buvaient et violaient les filles et les femmes, même en présence des enfants… »

Une Femme à Berlin, journal anonyme témoignant de la vie dans les ruines de la capitale nazie, mais aussi des viols de masse de 100 000 Berlinoises par l’armée Rouge, n’a été publié qu’en 2006.

Le viol de guerre est une technique de terreur et de destruction durable qui était déjà pratiquée durant l’Antiquité. Mais ce qui se passe en Ukraine, renvoie à la mémoire de l’armée soviétique à Berlin. Les nazis vaincus et Berlin tombée, les soldats russes pratiquèrent le viol de masse sur 100 000 Berlinoises. « Au-delà de Berlin parmi les chiffres les plus souvent cités, c’est le nombre de 2 millions de femmes violées en Allemagne par les soldats de l’Armée Rouge qui apparait, comme une vengeance envers l’Allemagne nazie », précise Philippe Brenot. Le dessein de Poutine de «dénazifier l’Ukraine » prend ici une résonance effrayante. Du Congo à Daech, « le viol comme arme de guerre est devenu intentionnel et souvent systématique au XXe et dans notre début de XXIe siècle», mais il n’a été reconnu que depuis la toute fin des années 1990 par le droit international.

Outre la recherche de la destruction, « le viol des femmes est destiné à casser la filiation car une part de ces viols sont inséminants et ces enfant du viol au destin tragique seront une plaie pour leur mère et pour la communauté. Ils seront, eux aussi, souvent rejetés. On a pu récemment montrer la volonté « guerrière » d’éliminer génétiquement une population ciblée. Humiliation suprême, la fréquence des viols de femme devant le mari mais aussi les enfants. Volonté explicite de destruction des personnalités au-delà des populations », analyse Philippe Brenot. Qui n’oublie pas non plus « la nouveauté systémique » de viols des hommes (Ouganda, Syrie) et des jeunes enfants (Syrie, Congo, RDC).

«Tous ces crimes sont symboliquement irréparables car, malheureusement, ils sont terriblement efficaces pour affaiblir, déstabiliser, briser et faire disparaitre  les populations agressées », estime Philippe Brenot. Et de rappeler l’existence en ex-Yougoslavie, lors du génocide bosniaque de 1992 à 1995, de « camps de viol » à Foča et Višegrad, les soldats serbes pouvaient disposer à volonté des femmes musulmanes captive. Mais aussi, en 1994 au Rwanda, ces « bataillons de violeurs » sélectionnés comme porteurs du VIH et « formés au viol systématique avec un double dessein destructif, par le viol et la maladie ».

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