Exclus de la société pour leur handicap : Vous trouvez ça normal ?
Publié le 21 juin 2022 par Les Influences
Par Luc Gateau, président de l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis)
Alors que s’ouvre un nouveau quinquennat, l’Unapei alerte sur l’urgence de considérer réellement le quotidien des personnes en situation de handicap. Notre réseau rassemble des associations de parents, gestionnaires ou non d’établissements et de services au bénéfice des personnes en situation de handicap, ainsi que des associations tutélaires. Nous portons la voix de personnes dont la situation de handicap est due à un trouble du neurodéveloppement (personnes porteuses de déficience intellectuelle, de trisomie, personnes autistes), à un handicap psychique ou à un polyhandicap, mais aussi la voix de leurs familles et proches aidants.
Il s’agit de personnes qui ont besoin des interventions de professionnels pluridisciplinaires, parfois de haute technicité, et d’aide humaine, pour tout ou partie de leurs activités quotidiennes, c’est-à-dire d’un accompagnement quotidien, parfois 24h sur 24.
Un accompagnement de qualité, c’est un droit fondamental !
Pour elles, le précédent quinquennat n’a pas amélioré significativement leur vie. Certaines mesures vont dans le bon sens. Cependant, les personnes concernées méritent mieux que des discours qui ne résistent pas à la réalité de leur vécu.
Pendant la crise, les pouvoirs publics ont délaissé les personnes en situation de handicap et nous avons constaté de nouvelles ruptures
Luc Gateau, président de l’Unapei
Avant la pandémie, l’Unapei dénonçait déjà le manque de solutions d’accompagnement pour de nombreuses personnes en situation de handicap : « les sans-solutions ». Pendant la crise, les pouvoirs publics ont délaissé les personnes en situation de handicap et nous avons constaté de nouvelles ruptures : certaines qui étaient accompagnées ne le sont plus, ou ne bénéficient plus de l’accompagnement auquel elles ont droit et qui leur correspond, c’est-à-dire adapté non seulement à leurs besoins mais également à leurs attentes, à leurs envies, à leur projet de vie. Cela a créé une nouvelle catégorie de personnes « sans-solutions », de nouveaux invisibles.
Et maintenant ? Les personnes concernées sont en danger : les atermoiements du gouvernement s’agissant des revalorisations salariales pour les professionnels du secteur ont trop tardé, laissant les établissements et les services se vider de leurs forces vives. Les conséquences pour les personnes concernées sont désastreuses : faute de moyens, l’accompagnement est parfois réduit au minimum vital… Et la vie dans tout ça ?
Les personnes en situation de handicap doivent, sans conditions restrictives et avec les accompagnements de qualité nécessaires à leur situation de handicap, avoir accès aux mêmes droits que tous les citoyens. Être citoyen, c’est avoir la liberté de choisir sa vie, de décider de son lieu de vie, de ses loisirs, de s’épanouir, de vivre en bonne santé mais aussi avoir la possibilité de s’informer, de se former, de travailler, de subsister à ses besoins…
Pour que l’inclusion soit une réalité, il faut cesser les discours qui ne sont que des vœux pieux et revenir aux fondamentaux, en se donnant les moyens de lutter réellement contre l’exclusion ! Vivre dans une société qui cesse d’exclure les personnes en situation de handicap, c’est possible ! Ce nouveau gouvernement prendra-t-il enfin des mesures humaines et financières à la hauteur de ces enjeux ? Devant ce défi indéniablement vital pour les personnes accompagnées, leurs aidants familiaux et les professionnels sociaux et médico-sociaux, j’ose garder espoir.