Valérie Maltaverne, l’extrême design
Publié le 4 mai 2023 par Emmanuel Lemieux
La planète Ymer&Malta est un monde parallèle à l’industrie du design. Aux commandes, Valérie Maltaverne qui fait de sa combinaison avec les savoir-faire des métiers d’art, le luxe du temps nécessaire et la nature poétisée, les expérimentations audacieuses de matériaux et de techniques, une signature singulière.

©Ymer&Malta
Aller chez Valérie Maltaverne, c’est se tromper au moins une fois. On sonne à une porte, elle ouvre à l’autre. Franchir la petite entrée, aussi étroite et totalement impersonnelle que peut l’être sa rue du XVIIe arrondissement, et plonger de plain-pied dans un drôle d’espace-temps. Il faut vivre dans de grands volumes, un château gothique peut-être, si l’on veut apprécier ses créations. Elle reçoit chez elle, à la fois grand atelier organisé autour d’un jardin dégouttant le gris de février, show room de trouvailles et bizarreries, labyrinthe de sa tête et abri familial. Si les expressos qu’elle nous offre sont bien des expressos, glissés sur la coupe de marbre blanc de Carrare, sa cuisine n’est pas une cuisine. Méfie-toi de l’eau qui dort dans la tapisserie, du givre plissé des broderies, du bois brûlé de la table, des filaments et des tresses, des tabourets afronippons, et même de ces œufs en cuir. Surgissent deux têtes d’ours. S’allument des galets. Se répondent des mirages de miroirs. S’origamise l’acier inox. Pèse comme plume le marbre, et chahute un bahut.
En apparence, l’allure bourgeoise d’une fille de banquier, un mème de néoclassicisme parfait pour couverture de Vanity Fair. Se laisser séduire par son parler cash, le tutoiement accueillant et un rire qui communique. Avec sa philosophie du « do-it-yourself », Valérie Maltaverne est une reine punk. Depuis 2009, à travers ses objets, ou plutôt ses artefacts de la planète Ymer&Malta, elle nous raconte des contes modernes, déjantés, organiques mais toujours élégants et précis, où le futur convoque le passé et la nature révèle sa seconde nature. C’est à la fois un monde postnucléaire et immémorial. Valérie Maltaverne n’est ni une rempailleuse de chaises vintage ni une designer diva pour foire internationale (« De toute façon, je ne mets jamais les pieds dans une foire »), mais bien, en toute discrétion, et pas mal d’obsessions, une artiste. Les clients particuliers et les collectionneurs cherchent sa griffe, tandis que les musées, le Mobilier national, la Villa Albertine, ont reconnu en elle, une « figure contemporaine majeure du mobilier et des arts décoratifs français ».
« Inutile de vous dire que je n’y connaissais rien et que je ne savais pas dessiner »
Valérie Maltaverne, revue Slow Made
Pour comprendre son parcours et des œuvres comme The Great Lady, Eidos XXI, ou À fleur de peau, il faudrait pouvoir revisionner une bonne vieille VHS de Ted Kotcheff. En effet, avis aux âmes spécialisées qui ne jureraient que par le design et les métiers d’art, un détour s’impose. il y a eu une autre vie, un autre espace-temps avant la formation de la planète Ymer&Malta. Et on s’attardera volontiers sur cette soupe primitive : le big bang audiovisuel des années 1980.

80% de la suite de cet article de référence, ainsi que des visuels de ses créations, à lire et découvrir dans le N°1 de la revue Slow Made : un peu de papier dans ce monde de brutes. Pour se procurer un exemplaire, un PDF, ou bien s’abonner c’est ici. Également à commander en librairie.