Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
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Bruno Latour : quand l’Europe se dérobe sous nos pieds

Publié le 27 mai 2022 par

L’idée : La guerre en Ukraine et le changement climatique relèvent de conflits territoriaux surperposés, dont l’Europe pourrait tirer partie, selon le sociologue dans une intervention publiée par la revue Le Grand Continent.

Bruno Latour en 2021, par ©Jean-François Robert – Agence Moods. Source : ENS.

Revue et Lue. « La situation sur un sol est toujours liée à une épreuve, c’est quand il y a une épreuve que l’on se situe quelque part. Le mot « situation », on l’oublie souvent, est lié à une forme d’enracinement territorial à cause d’une épreuve que l’on subit, qui surprend et qui permet de définir différemment ou l’on se trouve. » Invité à réfléchir sur le concept de l’« interrègne » cher à la revue électronique Le Grand Continent, le sociologue Bruno Latour publie dans leur rubrique-phare, La Pièce de doctrine, une longue intervention intitulée Le Sol européen est-il en train de changer sous nos pieds ? Catastrophe industrielle (l’incendie de l’usine chimique Lubrizol de Rouen en 2019), climatique (les plus de 50° d’un méchant été indien) ou géopolitique (l’invasion et la guerre russe en Ukraine) sont autant de mise en question brutale des situations. Dans tous ces cas de figure, Bruno Latour analyse l’irruption de « conflits territoriaux ».

Mais la carte mentale de nos conflits territoriaux diffère sensiblement, note encore Bruno Latour : « Autant nous sommes rapides pour aligner des affects qui correspondent à la guerre territoriale numéro un, et sommes capables de créer aussitôt cet extraordinaire accueil des exilés venant d’Ukraine, d’envoyer des armes, et d’imposer des sanctions, autant sur l’autre, le conflit territorial numéro deux, nous restons suspendus, incertains, paralysés, sceptiques en pratique sinon en pensée.» Sur le texte classique de Renan, Qu’est ce qu’une nation ? (1882) le sociologue greffe ses boutures de réflexion. Et y voit pour l’Europe, une façon paradoxale de se poser.

« Le mondel’on vit et le monde dont on vit aspirent à se superposer, formule l’auteur. Autrement dit, la question territoriale ne se repose pas simplement parce que le sol se trouve peuplé par l’ensemble des êtres qui participent maintenant à la compréhension que nous avons d’une planète habitable, mais aussi parce que l’Europe comprend enfin qu’elle ne peut survivre et se définir qu’avec les peuples dont elle vit.» L’Europe ressent plus vivement que les autres nations, ces craquements multiples suscités par l’interrègne, et pourrait se donner « enfin le projet, au milieu des périls et à cause d’eux, de former volontairement une nation», veut parier Bruno Latour.

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