Gallimard : la France à l’envers et des Tracts de crise
Publié le 2 mai 2020 par Les Influences
Les éditeurs annoncent timidement leurs publications de mai et juin. Quoi qu’ils proposent, et pour longtemps, les livres à venir seront lus à la lumière de la pandémie. Petit tour du déconfinement éditorial.
Zoom sur les éditions Gallimard (3).
IDÉES. Gallimard n’aura pas tout à fait été un cénotaphe froid et inaccessible durant le Grand confinement, grâce à Alban Cerisier. L’archiviste paléographe de la maison d’édition et créateur de la jeune collection Tracts y a assuré la veille, publiant des « Tracts de crise » six jours par semaine. Soixante-trois textes d’urgence, diffusés gratuitement en ligne sur le site Web, prennent le statut d’un document d’humeurs, de réactions et d’analyses sur le vif pour l’histoire. Il est également l’un tout des premiers livres d’idées proposés dans cette étrange rentrée estivale. Le casting des contributeurs, romanciers, penseurs, chercheurs, éditorialistes français et internationaux est aussi une démonstration la puissance de feu de l’éditeur dans cette catastrophe pandémique: « Leur diversité est à l’image de la dimension existentielle globale de l’événement et des multiples enjeux d’expression, de compréhension et d’action qu’il engage. La crise a agi comme un « grand révélateur », individuel et collectif. Ces Tracts en seront le témoignage durable et stimulant pour nous tous, acteurs et spectateurs d’un même « festival d’incertitudes » » . Les bénéfices de cet ouvrage sont versés intégralement à la Fondation de l’AP-HP pour la Recherche.
Tracts de crise, 19,90 €.
Parution prévisionnelle : 4 juin
Sinon le service intellectuel pour les essais grand format est restreint dans cette toute fin de premier semestre, nombre d’essais et de livres de sciences humaines ayant été repoussé à l’automne.
La France à l’envers de l’historienne Alya Aglan, spécialiste de la résistance française, ne parle pas de nos sorties dans un monde soumis aux cyclones sanitaires, économiques, sociales et culturelles mais de l’inversion des normes morales, politiques et collectives durant la période de la seconde guerre mondiale.
Explications : « L’occupation allemande et italienne, en redessinant les frontières externes et internes, bouleverse l’ensemble des solidarités nationales et favorise la dissolution des liens politiques et sociaux. Réflexe vital, à la fois individuel et collectif, la Résistance est ainsi prise entre deux feux : la répression exercée par l’envahisseur et la répudiation pratiquée par l’État collaborationniste qui l’accuse d’attiser la guerre civile. » Non seulement la résistance affronte l’adversaire étranger mais elle doit tenir vitalement compte de ses adversaires intimes et invisibles comme le voisin délateur, l’ami mouchard, voire le parent traitre.
Folio inédit, 750 pages, 11,50 €. Parution : 28 mai.
Plaidoyer pour les intellectuels, un petit texte de Sartre de 1972 est remis en bouche dans la collection Folio. Son plaidoyer s’invite comme une diplomatie de réassurance auprès du public : d’ordinaire, mais de manière plus aigüe dans la crise ouverte par la pandémie, le pouvoir intellectuel n’échappe pas à la défiance qui frappe les autres pouvoirs scientifique, politique et médiatique.
160 pages, 6,90 €. Parution : 28 mai.
ET AUSSI
La vie ordinaire, Adèle van Reeth, 192 pages, 16 €. Sortie : 4 juin.
L’auteur, ses droits et ses devoirs, Emmanuel Pierrat, Folio inédit, 848 pages, 12.30 €. Sortie : 28 mai.
Être américain aujourd’hui. Les enjeux d’une élection présidentielle, Didier Combeau, 288 pages, 19 €. Sortie : 4 juin.
Lire sur notre site : Du côté du CNRS éditions ; des éditions du Bord de l’eau;