Anna Borrel : Babylone, les punks et Jean-Laurent Cassely
Publié le 11 février 2022 par Les Influences

Anna Borrel est journaliste d’enquête, coproductrice avec Laurence Vély, du podcast Thune et romancière d’un second ouvrage lorsqu’elle s’arrachera à la contemplation de Marseille.
L’irrésistible ascension de l’argent. De Babylone à Wall Street, de Niall Ferguson (Tempus, 2011), acheté un peu par hasard, dans la quête éperdue qui est désormais mienne de comprendre quelque chose à la thune. J’en suis au premier tiers, ça se lit facilement, et ça reprend pas mal les bases historiques (l’apparition de l’argent, les premiers billets, le change, etc.) et les grands mythes, je prends plein plein de notes.
Please, Kill me, L’Histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, de Gillian McCain et Legs McNeil (Allia, 2020) . Alors ça c’est vraiment dingue, ça commence avec le Velvet underground et Andy Wharol à la Factory, puis les Stooges, Iggy Pop etc. jusqu’aux New York dolls, mais tout ça réellement raconté par les participants ou les témoins directs. Ce ne sont que des extraits d’entretiens, des principaux intéressés, qui s’entrelacent et se répondent. Et alors, ils dégoulinent tous de fiel ! Ils sont affreux, sales, méchants, drogués, nuls, complexés, machos, paumés et sans aucune pitié pour eux-mêmes ou les autres. Donc c’est forcément très drôle et assez fabuleux. Malheureusement, je n’arrive pas à le finir parce que c’est un joli pavé de plus de 600 pages et que pour le trimballer dans le sac à main, il faut aimer combiner littérature et haltérophilie, ce qui n’est pas trop trop mon cas.
La France sous nos yeux de Jean-Laurent Cassely et Jerôme Fourquet (Seuil, 2021). C’est pour moi LE bouquin de la fin 2021 : un exercice exceptionnel de géographie contemporaine, un recueil de stats, d’analyses sociologiques et de reportages de terrains sur la France d’aujourd’hui et son évolution ces vingt dernières années. On y apprend par exemple que la France est le pays qui compte le plus de piscines par habitants juste après les États-Unis. Également que 56 % des Français vivent en maisons individuelles, et qu’ils sont 80 % à souhaiter vivre ainsi. Ce qui en dit long, je trouve, sur… nous, le délitement du lien social, de ce qui fait communion, de ce qu’on partage – dès lors que l’horizon s’arrête au mur mitoyen, et que les lieux de convivialité se limitent au salon dans lequel on ne réunit que des gens que l’on connaît déjà. Bref, le livre qui aide à prendre de la hauteur en cette année de campagne électorale. En plus, l’un des deux auteurs est un journaliste qui vit à Marseille comme moi, du coup en le lisant j’ai l’impression de soutenir l’artisanat local.